[MUSIQUE] Au-delà du respect des règles de base de la sémiologie graphique, c'est-à-dire du choix de la bonne variable visuelle en fonction des données, un travail sur le rendu visuel est indispensable pour parvenir à créer à la fois une image forte, qui transmettra au mieux l'information, et une image agréable que le lecteur aura plaisir à regarder, puis à explorer. Une carte est réussie lorsqu'elle capte l'attention du lecteur par un message clair, un message qui amène spontanément un commentaire, une discussion. Une bonne carte interpelle. On ne réalise pas d'emblée cette carte satisfaisante. Une fois construite, l'image est regardée, appréciée, retouchée, plusieurs effets successifs sont nécessaires. Vous serez vigilants sur quatre points : la densité graphique, la sélectivité des figurés, la hiérarchie visuelle et l'esthétique. Une bonne densité graphique est à rechercher pour créer une image équilibrée, qui sera plaisante à regarder. Une trop faible densité graphique n'accroche pas le regard du lecteur, la carte est transparente. À l'inverse, une densité trop forte, une carte trop encombrée dans laquelle les figurés s'entremêlent, rebute le lecteur. La sélectivité des figurés, chaque élément de la carte doit pouvoir aisément se différencier. Pour cela, il faut limiter le nombre de figurés. Vous ne pouvez pas accumuler les figurés, la carte deviendra vite illisible. Une carte ne peut pas tout dire. Rappelez-vous qu'une carte va toujours à l'essentiel, tout élément superflu perturbe le regard. Les figurés efficaces ont un dessin simple et un poids visuel fort. Pour construire de tels figurés, il faut utiliser les variables visuelles avec leur longueur maximale, par exemple dans les gammes ordonnées, aller du plus clair possible au plus foncé. Pour les figurés proportionnels, il faut bien ajuster l'échelle de variation de taille. Combiner deux variables ayant les mêmes propriétés renforce la propriété graphique du figuré. Nous avons vu que couleur et forme associées accentuent la sélectivité et que taille et valeur associées accentuent la perception de l'informaton ordonnée. La hiérarchie visuelle est un point important, même dans une carte simple à seul caractère, l'image se structure en niveaux, tout n'est pas sur le même plan. Un premier niveau de hiérarchie visuelle existe entre le fond de carte et l'information thématique. La séparation visuelle est assurée par une bonne généralisation du fond de carte, c'est-à-dire comme nous l'avons vu dans la leçon trois, par un dessin à la fois sobre et précis. Le fond de carte reste en retrait par rapport aux informations représentées. Ces tracés qui sont le plus souvent linéaires, côtes, hydrographie, limites administratives, sont peu épais et de couleurs claires pour se distinguer des éléments linéaires de l'information thématique. Si la carte est complexe, qu'elle représente des données à plusieurs composantes, une hiérarchisation existera dans la visualisation de l'information thématique pour permettre aux lecteurs de percevoir plusieurs niveaux de lecture. Il faut toujours chercher à créer un plan visuel supérieur dans lequel un premier message saute aux yeux. Enfin, dernier point, une carte doit être esthétique. Si une carte n'est pas belle, il faut la retravailler. L'esthétique tient à l'expérience subjective de chacun. Il n'y a pas de recette à donner, pas de recette à appliquer. L'esthétique tient à la clarté, à la sobriété, à l'équilibre de la carte. Certains auteurs définissent la cartographie comme une science, un art et une technique. Dans la construction de la carte, vous ferez appel à votre sensibilité, à votre imagination et à votre créativité.